golfe de gascogne sous spi

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lundi 28 mai 2018

chroniques marines

Bonjour,
Position le 28 mai à 1h TU. 30°01N 52°57W
Il y a une semaine encore on buvait des ti-punch sur les plages créoles avec de superbes rencontres, locaux à l'énergie ravageur et marins aux expériences hautes en couleurs, en bougeant nos corps au rythme ensorcelant du zouk tout en plongeant la tête dans l'eau lorsque notre tête commence à tourner. On aurait facilement pu y rester.
Pourtant, en traversant les canaux au près avec déjà une bonne houle mes yeux se tournent plein Est tout comme mon esprit et l'envie du grand large m'appelle, j'appréhende la violence de la remontée contre les Alizées avec ce petit bateau rapide et spartiate mais ça m'excite et on a une confiance totale en JP.
Déjà une semaine que le temp s'est arrêté. Après trois jours de près fatigants, pourtant les conditions sont idéales, où l'on peine à rester à l'intérieur du bateau qui se fracasse dans un bruit assourdissant de taule contre chaque vague; sans air et suant à pleine goutte pour cuisiner car les hublots doivent rester hermétiques aux embruns; on arrive dans l'anticyclone.
Depuis le temps n'est plus arrêté mais figé dans une douce torpeur, réglé par le cycle des astres. On rêve en étant éveillé, comme dans un mirage parfait sous un ciel enchanteur. L'immensité où se déversent nos pensées et où tous nos désirs sont embaumés du parfum de l'infiniment simple. Entre parties d'échecs avec lulu, lectures frénétiques, siestes où nos rêves n'ont jamais été aussi actifs et réels (on se les raconte tous les matins), apéro avec nos mousquetaires et voisins sous des couchers de soleils à couper le souffle, où les lumières se métamorphosent lentement comme si elles voulaient rester nous envoûter jusqu'à l'oubli avant de s'engouffrer dans les profondeurs de l'horizon pour laisser place à des nuits mystérieuses. Ha ces quarts de nuits magiques où nos sens bouleversés se fondent dans le mouvement fluide du fantôme de la souris qui semble suspendu dans un océan d'espace infini
Seul bémol, la pêche, malgré trois lignes à l'eau on a eu seulement trois touches: un beau thazar d'1m goulûment dévoré et partagé avec nos voisins dans des manœuvres épiques (contre du rhum qui nous manquait, on perd pas le nord), un petit thazar relâché et un monstre ayant cassé une ligne en une fraction de seconde. Mais on ne s'avoue pas vaincu.
Aujourd'hui pétole totale, on va se mettre à la cape et se baigner avec plus de 6km de profondeurs sous nos pieds, houuu
Quentin

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